L’attirance des marques de mode pour l’imprimante 3D est ambivalente.
D’un côté, elles ne veulent pas rater le virage de l’innovation, comme cela a pu être le cas au moment de la digitalisation, de l’autre, elles souhaitent affirmer l’excellence de leur savoir-faire traditionnel.
L’exemple du défilé Chanel automne/hiver 2015 révèle assez bien cette ambiguïté.
Souvenez-vous Kristen Stewart ou Lily-Rose Depp assises à une table de jeux pendant que les mannequins portaient des pièces dans la lignée du style dessiné par Coco Chanel.
On apprendra par la suite que certaines d’entre elles ont été réalisées à l’aide de la technologie 3D, une façon de moderniser l’éternel, en somme.
Au regard de l’usage actuel de l’imprimante 3D, la question de la protection des modèles arrive plutôt comme un mascaret au ralenti.
Dans le domaine de la mode du moins.
Si l’outil participe à la banalisation du sur-mesure de masse et à l’hyper-personnalisation dans les salons, je ne suis pas certaine que cela soit les modèles à protéger mais bien l’innovation textile en amont, unique sésame à la reproduction à grande échelle.
Si le client est considéré comme un prescripteur et un ambassadeur par les marques, il faut de plus en plus lui attribuer un rôle de créa(c)teur.
Dans l’article précédent sur les influenceurs de la mode, je concluais par l’hypothèse que nous étions tous des « fashion makers ».
Cela se vérifie aujourd’hui dans la conception de notre propre style et demain dans la customisation assistée de nos vêtements.
L’inspiration se forgera vraisemblablement comme les influences : assemblage et superposition des matières, des textures, des process de fabrication etc.
Si le client est considéré comme un prescripteur et un ambassadeur par les marques, il faut de plus en plus lui attribuer un rôle de créa(c)teur.
L’heure est à la fédération de communautés. Pour reprendre l’exemple d’Electroloom dont le projet a été financé grâce à la plateforme de crowdfunding Kickstarter, leur but est d’ouvrir le monde de la mode et de la confection à tous, de créer en écosystème en marge des circuits traditionnels d’achat.
Cette nouvelle conception du marché parallèle pourrait inquiéter les marques de mode alors pour éviter l’émancipation trop prononcée du consommateur, l’expérience client est plus que jamais le maillon central de la chaîne de valeur d’une marque.
C’est en cela qu’il est impératif de s’ouvrir à de nouveaux modèles économiques qui doivent couvrir tous les champs de l’innovation : du textile à l’expérience digitale.
« Peu importe que l’imprimante 3D entre dans les usages, elle participe déjà, par son ingéniosité, à bouleverser nos convictions sur l’évolution du prêt-à-porter ».
Pour résumer, cette révolution industrielle est, avant tout et encore pour l’instant, une révolution créative, portée par tous les protagonistes du secteur de la mode.
Et finalement peu importe que l’imprimante 3D entre dans les usages, elle participe déjà, par son ingéniosité, à bouleverser nos convictions sur l’évolution du prêt-à-porter.
« Révolution : c’est retourner le sablier »
A dit le plasticien Jean Dubuffet.
Je pense que nous en sommes exactement là : à ce point de bascule grisant qui vient juste après le temps suspendu de la réflexion….
Et juste avant la révolution 4D !
Mais ceci fera l’objet d’un prochain billet !
Pour lire mon précédent billet « L’imprimante 3 D, une révolution dans l’industrie de la mode » : cliquez ici.